Principal du collège Joliot-Curie de Carqueiranne (Var) - biométrie

A été le premier, en 2002, à vouloir imposer la biométrie (contour de la main) pour gérer l’accès à la cantine, démarche qui a séduit des dizaines de collègues en 2003, 2004 et 2005

M. Armand DEPREZ peut être fier d’avoir été le premier proviseur de collège à détourner l’interdiction formelle formulée par la CNIL, en 2000, d’utiliser un système biométrique pour contrôler l’accès à sa cantine scolaire.

Un collège de Nice avait vu sa demande d’utiliser les empreintes digitales rejetée pour accéder à la cantine. [1] Qu’à cela ne tienne, M. le principal a fait une demande sur un système soi-disant moins intrusif : l’analyse du contour de la main (ou empreinte palmaire). Autorisation délivrée par la CNIL le 15 octobre 2002.

Lors d’un entretien avec un chercheur français de Paris-I, M. Deprez a déclaré chercher à obtenir une « transparence absolue » dans son établissement. Il s’agit, résume le chercheur, "de savoir en permanence, et en temps réel, où sont et ce que font les élèves, notamment s’ils mangent ou s’ils ne mangent pas". "Dès lors, on ne peut pas s’empêcher de penser au panopticon de Bentham. Notons que le panopticon n’est nullement limité à la prison, il s’agit d’une sorte de modèle architectural utopique censé s’adapter à tous les espaces dans lesquels la surveillance est un problème à résoudre (prisons, mais aussi écoles, casernes, asiles etc.)." [2]

Ce système se couple à deux autres outils "modernes" de suivi des élèves : premièrement, un logiciel permettant de mettre en ligne, et en temps réel, les notes de chaque élève sur le site de l’établissement ; site est consultable par les parents, qui accèdent aux résultats de leurs enfants grâce à un code confidentiel. Deuxièmement, un logiciel permettant au chef d’établissement d’envoyer un SMS sur le téléphone mobile des parents (principalement utilisé pour avertir les parents des retards de leurs enfants, et ceci en temps réel). "La biométrie s’insère donc dans un dispositif plus général d’informatisation de la gestion des élèves dont l’apport essentiel, en terme de surveillance, semble être de rendre possible un suivi des élèves en temps réel." (op. cit. 2)

Cet exemple a immédiatement été suivi, en 2002/2003, par deux autres proviseurs de la région qui ont eux aussi trouvé dans l’analyse biométrique du contour de la main un sésame rêvé pour gérer les accès à la cantine : à Sainte-Maxime et à Marseille.

Notes

[1Cf dossier de candidature aux BBA 2000 du collège Jean-Rostand.
NB : Le site internet du collège Jean-Rostand rappelle encore ce fait d’armes (la polémique née de la demande de biométrie à la Cnil), tout en indiquant qu’en mars 2005, "un système de video-surveillance avec enregistrement, financé par le Conseil Général, a été mis en place". "Approuvé par le Conseil d’Administration, ce système est régi par la Loi [Pasqua] du 21 janvier 1995 (...)".
Mise à jour décembre 2006 : l’actuel principal nous demande de préciser que "le Principal du collège Jean Rostand de Nice a changé depuis 4 ans. (...) Je n’étais pas en poste à cette époque et actuellement un grand nombre d’établissements scolaires sont équipés de "biométrie" tandis que le collège Jean Rostand ne l’est toujours pas." L’actuel responsable n’a donc pas succombé à la biométrie, mais aux caméras de surveillance.

[2"Manger sous surveillance - L’usage d’une technique biométrique pour le contrôle d’accès à la cantine scolaire", communication lors du colloque du Creis en 2004, par Xavier GUCHET, Docteur en philosophie, membre du Centre d’Etude des Techniques, des Connaissances et des Pratiques (CETCOPRA), Université Paris I.