Vidéosurveillance des salariés de Lidl (Nantes)

Installation de caméras de surveillance dans un entrepot de Nantes pour surveiller l’activité des salariés. Lidl a déjà été épinglé par les BBA en Allemagne et en République Tchèque.

Soixante-cinq caméras pour 60 salariés : c’est la prouesse réalisée par le magasin Lidl de Nantes. Depuis janvier 2005, l’entrepôt du magasin est sous contrôle vidéo. Officiellement pour lutter contre le vol de marchandises. Officieusement pour mieux contrôler les salariés.

Témoignage d’un délégué syndical, cité en décembre 2005 par le journal Les Échos. « Il n’est pas un recoin où l’on ne puisse être vu par la caméra » dit-il. Les caméras sont reliées à un écran de contrôle unique, disposé dans le bureau du responsable entrepôt. « Quand il voit un salarié qui prend une pause trop longue, il demande à l’un de ses agents d’intervenir. Parfois, il convoque même le salarié dans son bureau ».

L’ensemble du personnel s’est d’ailleurs mis en grève en novembre 2005, mais le dispositif, en décembre 2005, était encore en place.

A noter que cette entreprise allemande a déjà été primé en 2004 par les BBA outre-Rhin « pour son attitude quasi esclavagiste envers ses employés » (2). Non seulement le distributeur ne supporte aucune présence syndicale dans ses murs ou liquide abruptement un magasin si celui-ci s’est mis en grève, mais il fouille, observe, contrôle chacun de ses sujets. Le syndicat allemand Verdi a ainsi publié en décembre dernier le Livre noir de Lidl qu’il alimente régulièrement. Tel employé a ainsi reçu un avertissement où il était écrit : « La semaine dernière, vous êtes allé neuf fois aux toilettes où vous êtes resté en moyenne 72 minutes. C’est 27 minutes de plus qu’autorisé ; elles vous seront dès lors retirées de votre temps travaillé. »

En République tchèque, où Lidl est également présent, la question a simplement été résolue, en interdisant les visites au petit coin hors des temps de pause. Une exception est toutefois autorisée : « Les femmes qui ont leurs règles peuvent se rendre plus fréquemment aux toilettes », stipule le règlement. Mais pour qu’il n’y ait pas d’abus, ces employées-là devront porter un bandeau les rendant bien identifiables. (2)

(MAJ du 2 février 2006)

P.-S.

(1) "Salariés sous étroite surveillance... vidéo", Les Echos, 12/12/05.
(2) "Les employés de Lidl, épiés par vidéosurveillance, se sont mis en grève. Wal-Mart et Aldi sont aussi sous les feux de la critique.", 24 Heures (Suisse), 21/11/2005/
 A propos des actions de Lidl en Allemagne, lire l’Humanité, 14/02/2005.
http://www.humanite.fr/journal/2005-02-14/2005-02-14-456535